L’histoire se répète-t-elle ? Est-ce le retour du cycle inflationniste des années 70 et de ses conséquences : hausse des prix => chômage de masse => et croissance en berne ?
À l’évidence tous les ingrédients d’un tel scénario sont réunis :
Entre mars 1973 et avril 1974, le prix du baril avait quadruplé. Sur fond de crise géopolitique (la guerre du KIPPOUR) et de rupture de la stabilité monétaire (fin des « Accords de Bretton Woods » et désindexation du dollar sur l’or), l’inflation s’était rapidement répandue comme un poison pour l’économie française.
Entre mars 2021 et mars 2022, le prix du baril est passé de 60 à 120 dollars. Le conflit ukrainien et l’augmentation des prix de l’énergie laissent présager qu’une inflation durable s’installe.
Inflation des années 70 et de 2022 : des causes différentes
Après une variation des prix de 2,8 % en décembre 2021, l’INSEE annonçait une inflation de 3,6 % en février, puis de 4,5 % en mars. La spirale inflationniste est donc bien de retour et avec elle se profile le spectre de la stagflation des années 70. Toutefois, si l’impact de la hausse du coût de l’énergie est pour partie à l’origine de celle des prix, le contexte est bien différent de celui des années 70.
En 1973, la brusque augmentation des prix du pétrole était consécutive à un problème d’offre. Il ne s’agissait en réalité que d’une mesure de rétorsion des pays de l’OPEP qui avaient fait le choix de réduire leur production dans le contexte de la guerre du KIPPOUR. Depuis 1 an, la progression du prix des hydrocarbures est en revanche liée à une forte hausse de la demande mondiale.
Inflation des années 70 et de 2022 : des conséquences différentes
À l’issue du 1er choc pétrolier, tout le poids des conséquences économiques avait été transféré sur les entreprises. Celles-ci, pénalisées par une augmentation mécanique de leur masse salariale (les salaires étant indexés sur les prix), avaient dû rogner sur leurs marges. Nous connaissons la suite : la baisse des profits, puis le chômage de masse et en définitive une baisse de la demande.
La situation est aujourd’hui très différente. Notamment parce que depuis le début des années 2000, nous avons opté pour une politique de l’offre (soutien aux entreprises) qui vise par tous moyens à stimuler la croissance. Et même si des augmentations de salaire paraissent inévitables, celles-ci resteront à l’initiative des entreprises et ne seront pas systématiquement indexées à une augmentation des prix. Contrairement à ce qui s’était produit dans les années 70, la demande mondiale de biens et de services demeure forte et en France tous les indicateurs du marché de l’emploi sont au vert.
« Si la conjoncture peut apparaître stressante, nous avons la conviction que des perspectives de croissance demeurent pour les entreprises qui innovent. »
Une inflation qui va durer, mais qui pourrait ne pas remettre en cause le cycle vertueux de la croissance
Certes les conséquences du conflit en Ukraine et de nouvelles hausses probables des prix ne seront pas sans incidence sur nos économies. Mais à l’inverse de ce que nous avions connu dans les années 70, le scénario d’une progression simultanée de l’inflation et de la croissance n’est pas à exclure.
De surcroît, la crise énergétique et les tensions géopolitiques, si elles contrarient la reprise économique, ouvrent aussi la voie à de nouveaux investissements : dans l’accélération de la transition écologique, dans la ré-industrialisation et dans le retour à des productions locales. Pour Daniel Vinette, Président de MD Courtage « Si la conjoncture peut apparaître stressante, nous avons la conviction que des perspectives de croissance demeurent pour les entreprises qui innovent. ».